Biographie
Le Morvan
Stéphane Copelini, Le Morvan
« Le Morvan s’est imposé à moi, entre mes racines familiales et le besoin d’un milieu vaste. La mélancolie d’un paysage où le silence te ramène à quelque profondeur intime. Trouver l’inspiration au milieu des forêts me convient parfaitement. Bien plus qu’un besoin, il me semble que ce départ fût vital en quelque sorte, afin de retrouver le bon sens, l’essentiel. »
Stéphane Copelini, Noires Montagnes
« Il y a l’aube, et le calme plat du matin, parfois le brouillard, parfois le levant, et à ce moment précis, il ne te manque rien ni personne. Le rythme est le changement, celui de la nature et des saisons, et puis celui que l’on s’organise. Une vie très solitaire, mais pas de solitude, très organisée autour de mon projet de sculpture, mais pas autocentrée. Le temps passe si rapidement, que le soir venu, je cours déjà au milieu des arbres, la vie de rêve, uniquement pour moi. La bipolarité est moins forte. Morvan veut dire noires montagnes. »
Stéphane Copelini, L’Axe
« Plus jeune, je venais de temps en temps. C’est ici, dans le pré d’en face, que j’ai rencontré l’Axe. Le pré appartenait à mon grand-oncle. Il était agriculteur et avait besoin d’un point d’eau. Il avait fait venir Alexis, dit l’Axe. Il avait soixante-dix ans à l’époque, j’en avais dix ou onze. Je l’avais regardé faire avec sa baguette de noisetier. Quand je suis revenu, la maison de l’Axe était en vente. C’est cette maison que j’ai choisie. »
Stéphane Copelini, L’Atelier
“J’ai compté les fréquences, les inspirations vaines, les expirations inachevées. J’ai regardé les arbres à l’aube du printemps – le froid si rude m’a contraint à rester derrière la fenêtre de l’atelier. J’ai attendu le soleil chaque matin comme on attend la neige en été. J’ai guetté les premiers bourgeons, les premières feuilles, l’oxygène enfin.
Le temps hors de ses gonds, les certitudes bousculées. J’ai flâné autour des ARO, épié par les félins. J’ai fait les cent pas dans l’atelier, j’ai fait les mille pas, allers et venues, autant de pas perdus. La peur de ne plus pouvoir sculpter, d’être tellement endommagé. J’ai détesté les machines que je ne pourrai plus soulever. Le long silence, la souffrance invisible, l’attente interminable d’une bouffée d’air. Et puis, l’émotion intense d’une respiration pleine qui effleure un moment de vie, l’éclosion des feuillages du bouleau qui donne la force d’entamer la journée et de patienter jusqu’à la suivante.
La lente croissance du printemps, le repère d’un cycle qui reprend son élan. L’arbre se déploie et esquisse un nouveau paradigme que je fais mien. Réapprendre l’amplitude de la respiration du matin, quand le soir m’écrase encore de sa fragilité. Inspirer à la force de l’arbre. Je m’assois près de lui pour être rassuré par cette nature calme dans le vent froid du mois de mars. La sérénité de l’arbre à mes côtés, rien ne me semble impossible. La sculpture est une respiration. Elle rythme mes inspirations. La nature résonne dans mon corps, fait écho à mon souffle. J’irai planter des arbres.”